Changement d'année de 2020 à 2021


Bilan d'une année 2020 historique pour les marchés et perspectives pour 2021 alors que sont inoculés les premiers vaccins et que l'Europe et le Royaume-Uni trouvent enfin un accord.

Par Arnaud TEMPLIER - 28 Décembre 2020

Peut-être avez-vous déjà reçu une note de votre gestionnaire d’actifs préféré car, à l’approche du réveillon de la Saint-Sylvestre, certes très particulier en France et dans de nombreux pays, l’heure est malgré tout, comme chaque année à cette même période, au bilan sur les marchés financiers ainsi qu'aux perspectives pour 2021.

Cette année 2020 promettait d’être mouvementée après une hausse quasi-continue des marchés US en 2019 – S&P500 et Nasdaq clôturant respectivement à +28,88% et +31,30% – volant de records en records alors même qu’en parallèle, les tensions entre États-Unis et Chine n’avaient cessé de croître, cristallisées autour de l’affaire Huawei. Quant à l’Europe, en plus d’être prise entres ces deux feux, elle devait s’extirper du piège Brexit. Tout cela avait obligé le FMI à revoir sérieusement à la baisse les taux de croissance anticipés pour 2020… de 2,3 % à 1,7 % pour les États-Unis et de 1,2 % à 1 % pour l’Europe notamment.

Bref, les signaux étaient initialement plutôt à la prudence en ce début 2020… et prudent il fallait l’être puisque l’arrivée de la Covid-19 a provoqué la plus importante crise sanitaire depuis plus d’un siècle générant une violente et soudaine baisse des marchés à partir de la mi-février, touchant tous les actifs sans distinction : c’était le premier temps d’un scénario en trois volets.

La politique de confinement qui a été adoptée par de nombreux États à partir de mars a amené les investisseurs à s’interroger sur l’impact de nouveaux standards comme le télétravail, les services à domicile ou encore la digitalisation et à arbitrer en faveur des valeurs de croissance pouvant notamment créer ou développer de nouveaux usages. Ce deuxième temps a été marqué par un très fort rebond du secteur technologique mais également, à l’opposé, l’un des mouvements les plus troublants de l'année pour moi : le fait que le cours du baril de pétrole WTI (West Texas Intermediate) soit tombé à - 37,63$ le 20 avril 2020 pour l’échéance de mai et au même niveau en prix spot (livraison immédiate). Autrement dit, il fallait payer pour ne pas recevoir le pétrole qu’on avait pourtant déjà payé. Une première en 40 ans de cotation !

Cours et graphiques du Pétrole WTI en avril 2020


Enfin, l’annonce de tests très prometteurs pour des candidats vaccins à partir de novembre a lancé le troisième et dernier grand temps de l’année, marqué par le rattrapage des actions dites « value », celles-là même qui furent les plus attaquées lors de la première partie de l’année. C’est ainsi que sur la seule journée du 9 novembre, un titre comme Vinci fut la plus importante hausse de la journée sur le CAC40 avec +18,85 % quand JCDecaux s’adjugea la palme du SBF120 avec +40,84 % sur la séance ! A aujourd’hui, bon nombre d’indices, que ce soit en Europe, aux USA ou en Asie, vont finir l’année sur une note positive.


Maintenant, quid de l’année à venir, alors qu’un nouveau confinement à lieu pour les fêtes de fin d’année en Angleterre suite à la mutation du virus ?

Difficile de se prononcer évidemment mais cette crise sanitaire devrait muer en crise économique avec certainement une hausse importante des défaillances d’entreprises due à la fin graduelle des aides d’urgence prises par les États, puis engendrer une sérieuse crise sociale avec la hausse probable en parallèle du chômage. Tout cela risque d’avoir de lourdes conséquences sur les établissements financiers qui, si le scénario se confirme, devront supporter les incapacités de remboursement des professionnels puis des particuliers. Même si un grand nombre d’acteurs se transforment et restructurent depuis déjà plusieurs années, le secteur pourrait donc être quelque peu chahuté en 2021, et donner lieu à des opérations de consolidation comme ce fut le cas après la chute de Lehman Brothers en 2008.

Par ailleurs, cette crise sanitaire pourrait avoir rebattu les cartes sur la scène internationale pour 2021.

Alors que la première phase (laissant supposer qu’il y en aura d’autres prochainement) de l’accord commercial de Washington, signé le 15 janvier 2020 par les États-Unis et la Chine, voyait cette dernière obligée de céder à la pression et s’engager à acheter plus de produits américains contre la fin de nouvelles hausses des droits de douane, tout laisse à penser que les tensions entres ces deux puissances économiques et militaires vont s’intensifier.

En effet, la gestion de la crise sanitaire opérée par la Chine lui a permis de relancer très vite son économie alors qu’à l’inverse, et malgré le fait qu’il ait pu profiter d’un délai plus important pour se préparer, le gouvernement Trump n’a pas pris au sérieux ce qui s’avère être aujourd’hui une pandémie mondiale. Le pays pourrait mettre beaucoup de temps avant de s’en remettre, et ce même si un accord sur un plan de relance de pas moins de 916Mds de dollars vient d’être approuvé par l’administration américaine. Un premier plan voté par les Républicains et les Démocrates qui ne pourrait être qu’un « acompte » sur un plus vaste plan à venir lorsque Joe Biden entrera à la Maison Blanche. La détérioration des déficits budgétaires américains qui devrait s’ensuivre pourrait conduire les étrangers à se débarrasser rapidement de leurs dollars américains, faisant naturellement baisser la devise, tout comme la volonté de plus en plus affichée de l’administration US de démanteler ou au moins réguler les GAFAM qui pourraient dès lors perdre leur attrait auprès des investisseurs étrangers. De l’autre côte de la balance – et du Pacifique –, le 15 novembre 2020 a vu naître le Partenariat Régional Économique Global (RCEP), soit le plus important traité commercial au monde regroupant quinze pays d’Asie et du Pacifique, dont la Chine évidemment, et près du tiers du produit intérieur brut (PIB) mondial. Autant dire que la deuxième phase de l’accord commercial de Washington pourrait ne pas être signée de si tôt, ce qui pèserait certainement là aussi sur le dollar.

En 2021 donc, il conviendra davantage encore pour tout investisseur étranger de prêter particulièrement attention à la parité euro/dollar car outre, bien évidemment, les indices américains (S&P500, Nasdaq...), le cours de nombreuses matières premières est exprimé également en dollars, l’or en tête. Dès lors, il ne faut pas se fier uniquement au cours ou à la performance affichée par défaut en dollars pour évaluer la performance de votre placement. A titre d’exemple, si la performance de l’or à la fin de l’année 2021 est de +20 % mais que sur la même période l’euro s’apprécie de 20 % contre le dollar, votre performance l’année prochaine sera nulle... ce que je ne vous souhaite pas pour l’année qui va commencer !

Impact d'une hausse du cours de l'Or et parallèlement d'une hausse de l'eur/usd


Une des règles d’or pour naviguer par mauvais temps est plus que jamais la diversification. Et celle-ci ne peut être efficace que si les actifs sont décorrélés entres-eux ou, autrement dit, s’ils ne se comportent pas de la même façon en phases de hausse et en phases de baisse. Sur ce dernier point, je vous présenterai prochainement une classe d’actif qui peut être intéressante en complément d’une allocation d’actifs classique !


Attention, tous les avis et opinions émis dans l’article ci-dessus ne constituent en aucun cas un conseil ou une recommandation d’investissement. Pour toute question d’investissements financiers relative à votre situation, je vous invite à prendre rendez-vous avec votre banque ou à nous contacter.


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